Claire Van Der Meulen, (en) quête du quotidien
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L’œuvre photographique de Claire Van Der Meulen est ici représentée à travers une sélection de quatorze images issues de Daily Diary : un parcours visuel qui se distingue par le choix d’un format défini, le carré, et par la capacité à renouveler une manière de voir les objets, les situations qu’offre chaque jour le paysage urbain. Claire Van Der Meulen utilise ce format comme un élément central de son œuvre, lui octroyant une liberté et de nouvelles perspectives créatives quel que soit le sujet : un panneau publicitaire, une porte de garage, des chaises sur un quai de gare. Des images insolites, drôles, parfois énigmatiques, laissant au spectateur le soin d’interpréter cette confrontation avec la réalité.
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Des images documentaires ordonnées et graphiques
Claire Van Der Meulen a recours à une règle de jeu qui consiste à poser son regard sur des objets qui s’offrent sur son chemin, comme s’ils venaient à elle. De son parcours fortuit jaillit des sujets qui s’intercalent entre la vie et l’appareil, questionnant aussi une partie d’elle-même où photographier l’extérieur devient un acte introspectif. Daily Diary opère avec ces éléments familiers que l’on ne cesse de croiser chaque jour sans jamais les voir. La photographe réussit à faire ressortir la dimension graphique parfois par un simple cadrage, parfois par le biais d’une composition symétrique et des lignes de fuite. Elle parvient à transcender les matériaux, à dépasser la pauvreté d’un quotidien jugé souvent insignifiant voire inesthétique pour créer un univers propre à elle, riche de questionnement sur le temps, des images aux élans mélancoliques ou poétiques. Un processus qui vise à s’affranchir du poids des habitudes pour rendre à la ville ce qu’elle a de meilleur.
Le rapport furtif à l’espace-temps
Se défaire des apparences pour révéler d’autres formes de réalités, telle semble être la démarche de la jeune photographe. L’ancrage dans la réalité n’est pas le seul invité dans la composition. On peut également y voir le jeu contrasté du temps décidant de tout : ce qui a été, ce qui est, ce qui est à venir… De l’obsolescence programmée d’un canapé ou de l’abandon des panneaux de stationnement laissés de côté comme s’ils étaient hors d’usage.
Un dialogue avec le réel
Claire Van Der Meulen s’inspire des enseignements de l’école de Düsseldorf réputée froide et frontale : jouer sur les aspects graphiques du métabolisme urbain, créer une autre forme de résonance avec des productions prises sur le vif d’une réalité crue. Elle propose une narration qui se façonne à mesure que ses déambulations citadines la conduisent à marquer ce temps d’arrêt. Au fil des semaines, elle explore l’espace urbain, ses changements de couleurs, son hygiène de vie où la nature et la poésie demeurent en sursis. Claire Van Der Meulen, au travers de ses images, laisse entrevoir l’espoir, le décalé, un regard bienveillant et laisse au spectateur le soin de juger, de se questionner.
Dans chaque photographie, on ne note aucune présence humaine. Est-ce un moyen supplémentaire pour nous permettre de nous projeter dans ce cadre urbain et créer ainsi une intimité avec ce dernier ? Comme le dit l’auteure italienne Cristina Campo en parlant de Tchekhov : « Il a les yeux grands ouverts, des yeux héroïquement attentifs ». Une expression qui correspond au travail de Claire Van Der Meulen : ses yeux nous invitent à porter un regard plus lucide sur les éléments du quotidien qui nous entourent et à percevoir également leur poésie secrète.
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